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Papa Samba Diop distingué par le prix Humboldt

Publié le 7 juillet 2016

Le professeur de littérature francophone de la faculté LLSH est récompensé pour son travail d’archéologie littéraire consistant en la mise en relation des langues européennes et des langues africaines, ainsi que pour ses travaux de recherche sur le poète Aimé Césaire.

Date(s)

le 7 juillet 2016

Que représente pour vous cette distinction ?

Le prix Humboldt vient couronner une carrière, des travaux de recherche et des publications scientifiques nombreuses. C’est un grand honneur pour moi que de le recevoir : la cérémonie a eu lieu le 7 juillet 2016 à Berlin, en présence du Président de la République allemande.
C’est un prix qui généralement est attribué à des chercheurs en sciences dures, et qui cette année couronne les carrières de deux littéraires : le Professeur Homi Bhabha, qui enseigne à l’université d’Harvard et est l’un des principaux théoriciens des « études postcoloniales », et moi-même.
Le prix récompense également le fait que je sois resté en contact permanent avec des collègues allemands, et associé à des équipes de recherche de ce pays, et d’autres universités en Espagne et aux Etats-Unis.
Il salue aussi le grand nombre de docteurs que j’ai formés, et dont je suis fier de constater qu’à 75% ils sont en poste dans des universités à l’étranger (Afrique sub-saharienne, Corée, Iran, Maghreb, Madagascar, Canada, Etats-Unis).

Pour quels travaux de recherche plus particulièrement avez-vous reçu ce prix ?

Ce prix récompense tout d’abord un travail d’archéologie littéraire, qui mettait en relation langues européennes et langues africaines, que j’ai conduit de 1982 à 1993. A l’issue de ce travail, j’ai construit une théorie portant sur ce qui, dans les littératures francophones, et spécifiquement celles d’Afrique sub-saharienne, fait qu’elles sont, d’emblée, multilingues, multiculturelles et trans-séculaires, derrière leur graphie et leur utilisation de l’alphabet français.
J’avais notamment établi un glossaire expliquant, en ce qui concerne les littératures francophones du Sénégal, leur dette, certes au français, mais aussi fondamentalement à l’arabe et aux langues dites nationales, dont le wolof et le sérère, et dans une moindre mesure, le bambara.
Au sein même de la langue la plus répandue au Sénégal, le wolof, j’ai mis en exergue l’impact très profond de l’arabe, et pas seulement dans le vocabulaire ayant trait à la religion.

Le prix distingue une autre de mes recherches, portant sur le poète et homme politique Aimé Césaire. J’ai conduit une étude de son vocabulaire, à la fois dans ses écrits poétiques et politiques.

Comment votre candidature a-t-elle été proposée ?


Pour le prix Humboldt, la règle veut que l’on ne postule pas, ce sont des collègues allemands, eux-mêmes reconnus au niveau international dans leur discipline, qui proposent les candidatures.
En ce qui me concerne, c’est le professeur titulaire de la chaire d’études culturelles comparées de l’université de Sarrebruck, le professeur Hans-Jürgen Lüsebrink  qui a présenté ma candidature.

Qu’implique ce prix, pour le chercheur qui le reçoit ?

En contrepartie de ce prix, l’année de son attribution, les lauréats doivent effectuer six mois de séjour en Allemagne, dans des équipes de recherche de leur choix.
Je vais ainsi me rendre deux mois à l’université de Sarrebruck dans l’équipe de recherche du professeur Lüsebrink, puis à l’université Humboldt à Berlin, puis à l’université de Bayreuth, où j’ai effectué une partie de ma carrière universitaire.
J’en suis très heureux car chacune de ces universités possède une excellente bibliothèque, constituée notamment par des travaux de thèses depuis plusieurs décennies, un véritable trésor pour moi.
Mon séjour à Berlin notamment va me permettre de consulter les archives où est conservée la correspondance entre Léopold Sedar Senghor et son traducteur en langue allemande, Jahn Janheinz. Ces lettres vont m’être précieuses pour l’ouvrage sur lequel je suis en train de travailler et qui porte sur la poésie et les essais de Senghor, ouvrage que j’espère pouvoir publier fin 2017.

Pour en savoir plus

Papa Samba Diop est Professeur de littérature francophone à la Faculté de lettres, langues et sciences humaines de l’UPEC. Il effectue sa recherche au LIS.
Maître assistant à l'Université de Bayreuth en Allemagne de 1982 à 1995, il rejoint l’UPEC en 1996 comme Maître de conférences  puis comme Professeur des Universités à partir de 1999.

Le prix Humboldt de la recherche est décerné à des chercheurs de toutes disciplines, en reconnaissance de leurs travaux académiques dont les découvertes, théories ou perspectives ont eu un impact significatif sur leur discipline.
Environ 100 prix Humboldt sont décernés chaque année.